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Thérèse Mangot

"Engagée comme chargée de mission le 2 mai 1968 par le jeune Ministère de la culture française, je fus envoyée à Tournai pour créer les fondements de ce qui sera la première Maison de la Culture reconnue au sens de l'arrêté royal du 5 août 1970.

Portée par la vague de Mai 68, l'action culturelle prenait son envol à côté d'autres fonctions sociales plus anciennes, l'enseignement, le social. Mais cette action se projetait dans l'avenir comme porteuse de changement, permettant la créativité et la parole de tous: l'action culturelle comme mode de vie et comme engagement politique.

Dans cette atmosphère, le style de la "maison" était donné par son Directeur général, Marcel Hicter, homme à la pensée flamboyante. Issu d'un village wallon, il récitait avec autant d'aisance la poésie wallonne que les auteurs grecs. Socialiste de coeur, il savait s'entourer d'hommes et de femmes de tous les horizons. Il permit, en interne, que la libre parole circule par-dessus les hiérarchies.

C'était aussi l'époque où chacun s'investissait autant dans des aventures culturelles et politiques extérieures que dans son travail professionnel. Tout ceci dans un joyeux mélange et bouillonnement intellectuel.

J'ai de cette époque le souvenir de grandes rencontres "au vert" organisées pour tout le personnel de la Direction générale "Jeunesse et loisirs", où se mêlaient des discussions passionnées sur les politiques à mener, sur les choses de la vie... et le désir circulait...

Un Centre de recherche de psychosociologie de Liège nous accompagnait pour l'analyse institutionnelle. Je me souviens d'une des conclusions de cette recherche restée assez secrète qui prétendait que le Directeur général était plus soucieux du bonheur de ses agents que de la tâche à accomplir.

Parions que cette attitude est la seule qui permette une véritable "productivité" au service du public."

Thérèse MANGOT, La Plume du Coq n°50, décembre 2002

 

Martine VANDEMEULEBROUCKE écrivait dans Le Soir du 18 juin 2006 : 

"Une grande militante de l'antiracisme est décédée jeudi, des suites d'un cancer. Thérèse Mangot était vice-présidente du Mrax (Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie). Elle en avait aussi assumé la présidence et elle y était active depuis plus de vingt ans. Née en 1941 à Bruxelles, Thérèse Mangot était assistante sociale de formation. Elle était en charge des Centres culturels de la Communauté française et s'était totalement engagée en faveur de la diversité culturelle, ce qui lui valut de participer à la Commission du dialogue interculturel en 2004 […] Thérèse Mangot se définissait elle-même comme « juive, athée et cosmopolite » […] Pour le président du Mrax, Thérèse Mangot était « antiraciste dans les gènes ». Elle ne supportait pas, dit-il, qu'on humilie un homme. Et l'opprobre qui a entouré son compagnon, Albert Faust, dans l'affaire du Setca, l'avait fort affectée."


Pour le Ministère de la Communauté française, Thérèse a assumé des responsabilités importantes principalement dans les domaines des Centres culturels et de l'interculturalité. Sa personnalité attachante et généreuse a animé, marqué et incarné remarquablement le Service public de la Culture.